PAULO LINS
Depuis que la samba est la samba
Traduction du portugais (Brésil) de Paula Salnot
"Sa mère, originaire de Jurujuba, était venue trouver un travail à Rio de Janeiro, sa ville natale ne lui offrant aucune perspective. Elle avait confié ses quatre aînés à sa famille et à des amis à Niteroi, puis s’était installée à Rio avec le cadet, avait cherché sans relâche un emploi et était venue vivre à l’Estácio où son fils s’était intégré sans problème. Dona Emilia pensait que les études n’étaient d’aucune utilité pour un Noir, et elle avait refusé de scolariser Silva. C’était tout seul qu’il était allé s’inscrire à l’école, à sept ans. Il était devenu premier de la classe, chef de groupe, tuteur de camarades en difficulté et, enfin, élève modèle de l’école. Même au catéchisme, le malandro avait dix sur dix ! Il avait composé sa première chanson à quatorze ans et réinventait aujourd’hui la musique brésilienne, en fondant avec son groupe d’amis la première école de samba de la ville de São Sebastião de Rio de Janeiro."
"Les morceaux s’enchaînaient ; des musiciens arrivèrent avec une autre guitare, un cavaquinho, une flûte et un pandeiro. Bide, lui, avait son tambourin et son surdo, l’instrument qu’il avait inventé. C’était un fût en fer-blanc avec des piquets en bois, recouvert d’une peau de cabri que monsieur Antônio das Cabras réservait d’ordinaire aux terreiros d’umbanda et de candomblé. Les musiciens demandèrent qu’on apporte de la cachaça, dona Zilda fit frire des acarajés et prépara du maïs au lait pour les enfants. "